Chute du gouvernement Barnier : les oiseaux de mauvais augure ont eu tort, les marchés s'en foutent


La censure du gouvernement est un non-événement pour les marchés financiers. Les « turbulences graves », brandies comme un chiffon rouge par Michel Barnier pour rester à Matignon, n'ont pas eu lieu. Pour l'heure, ceux qui prédisaient le chaos et l'envolée des taux auxquels la France s'endette se sont donc trompés.

Ce jeudi 5 décembre, à 15 heures, le spread (l'écart de taux entre l'Hexagone et l'Allemagne, dont la dette est jugée la plus sûre de la zone euro) était même en légère baisse. Cet indicateur, qui fait figure de baromètre de l'inquiétude des investisseurs, est en fait relativement stable ces dernières semaines, après avoir nettement augmenté après la dissolution de l'Assemblée nationale au mois de juin.

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Il se situe actuellement autour de 83 points de base. C'est un niveau plutôt élevé, qui n'avait pas été atteint depuis 2012 et la fin de la crise de la zone euro, mais il ne traduit pas un sentiment de panique. Le taux auquel la France emprunte n'évolue d'ailleurs pas vraiment depuis 2022 (autour de 2,9 % sur dix ans pour l'obligation phare).

Le parapluie de la BCE

Pour le moment, l'instabilité politique n'a pas d'effet catastrophique. Comme un financier l'expliquait à Marianne en juin dernier après la dissolution de l'Assemblée, « les marchés sont un peu cyniques. Un scénario de non-gouvernance, type IVe République, ne les inquiète pas beaucoup. Ils se disent que les affaires courantes seraient probablement gérées et qu'il n'y aurait pas de gros dérapage budgétaire. »

Au fond, ils semblent continuer de penser que la signature de la France est sûre. De plus, beaucoup d'investisseurs sont persuadés que la Banque centrale européenne (BCE) ne laissera jamais l'un des États-membres de la zone euro faire faillite et qu'elle peut, au besoin, racheter des obligations françaises. Ce parapluie a, jusqu'ici, protégé la dette française contre les attaques des spéculateurs.

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Revers de la médaille, la BCE demande à la France de faire des économies budgétaires et exerce une forme de supervision sur ses décisions politiques. Dans ces conditions, la dette française continue globalement à être jugée peu risquée par les investisseurs. C'est pour cette raison que les taux d'emprunt ont relativement peu augmenté cette année malgré les crises, la faiblesse de la croissance, l'augmentation du déficit et de la dette publique. Toute la question est de savoir si cela va durer.